Urban comics vient de donner une(des!)interview(s) à MDCU, Comicsblog, Superpouvoir et à ComicBox: afin d'éviter que vous jongliez d'un site à l'autre j'ai pensé qu'il serait plus simple pour vous de les lire en une fois (ICI: alors merci qui!
ps :je commenterais plus tard ces annonces: ce qui ne vous empêche pas de laisser des commentaires, pour donner votre sentiment!
MDCU
Mais avant tout, voici une petite présentation de l'équipe d'Urban Comics, décrite par son directeur éditorial, François Hercouët : " Voici de quoi vous donner une idée plus précise de qui fait quoi au sein d’Urban Comics :
Charlène est notre responsable Marketing & Internet. Elle gère aussi bien l’aspect communication, partenariats marketing que la conception du site. Yann est notre assistant éditorial. Il m’assiste dans la production des titres et la gestion des urgences. Quant à moi, après avoir travaillé 6 ans aux côtés de Thierry Mornet sur le catalogue Contrebande des éditions Delcourt, je suis aujourd’hui chargé de donner la direction et le ton du catalogue Urban Comics, en tant de directeur éditorial.
L’équipe est encadrée par Pôl Scorteccia qui, après avoir dirigé pendant plusieurs années les éditions du Lombard (où il a notamment initié la publication de la série Freak Angels de Warren Ellis), est devenu directeur du label Urban Comics. Il est assisté par Anne Bouvet (assistante de direction).
Nous couvrirons à deux l’essentiel de la production éditoriale. Ceci expliquera sans doute notre relative discrétion sur les réseaux sociaux. Il y a pas mal de boulot, comme vous devez vous en douter. Nous nous sommes cependant entourés d'une solide équipe de traducteurs, lettreurs et relecteurs pour mener à bien notre mission. Concernant la communication, justement, les informations officielles d’Urban Comics émaneront essentiellement du site, dès qu’il sera mis en ligne (à partir de janvier 2012, afin de ne pas perturber la communication de l’ancien licencié). De manière plus générale, le fonctionnement du groupe Dargaud nous invite à communiquer en temps voulus les informations liées aux publications."
Et voici donc notre partie de l'interview, les réponses d'Urban Comics aux interrogations d'MDCU.
- Quelle politique allez vous privilégier : mettre en avant les grosses licences (Superman, Batman, Green Lantern) dans un premier temps pour dans un second temps faire découvrir au public français des séries plus confidentielles (Secret Six ou Frankenstein Agent of SHADE par exemple) comme Panini à la fin avec DC; ou
proposer un mix dans vos magazines avec des sommaires alliant les "grosses" séries et les "petites" séries comme le fait Panini avec Marvel en dispatchant ses séries Vengeurs dans plusieurs magazines pour soutenir les ventes ?
J’imagine que vous évoquez principalement la gestion du Relaunch. Il est bien évidemment impossible de publier l’intégralité des 52 séries en librairie, c’est la raison pour laquelle l’offre en albums comprenant des titres comme Justice League, Batman, Superman Action Comics, Wonder Woman, Aquaman, etc. sera complétée par une offre en kiosque. Nous publierons deux bimestriels, l’un développant l’univers de Batman, l’autre l’univers de DC au sens large. Nous attendons d’en lire un peu plus pour arrêter le contenu de ces revues, même si certaines séries se détachent déjà. Ce qu’il y a de très agréable et surprenant avec ce Relaunch, c’est de voir surgir une série ou un personnage que personne n’attendait et qui s’avère vraiment fun à la lecture. C’est, à mon sens, l’une des grandes réussites de ce Relaunch.
- Connaissant la difficulté qu'à DC à s'implanter en France. Comment comptez-vous vous démarquer des expériences passées des différents éditeurs?
En structurant l’Univers DC ! La réflexion est assez simple et m’est venue de mon expérience personnelle. J’ai toujours lu du comics et, comme beaucoup de lecteurs français de ma génération, j’ai été élevé par Marvel et Image. Le déficit de notoriété de DC en France est un fait (que vous assez bien mis en lumière dans l’un de vos dossiers), mais rien n’est gravé dans le marbre, surtout avec la formidable opportunité que nous offre aujourd’hui le Relaunch. Lorsque j’ai décidé de me plonger dans l’Univers DC, j’ai commencé par les Crises, pas forcément dans l’ordre d’ailleurs puisque je n’avais aucun repère auquel me raccrocher. C’est là que m’est apparu le problème de la licence DC en France. 75 ans, c’est un immense héritage et cela peut devenir un sacré casse-tête pour celui qui, comme moi, décide un jour de s’y investir. Autant de personnages, de références et d’événements passés ont souvent raison des meilleures volontés. Suivant mon expérience sur la licence Star Wars, je me suis donc amusé à bâtir une chronologie de l’Univers DC et, à quelques exceptions près, cela fonctionne plutôt bien. Articuler les récits autour des différentes âges qu’a connu le DCu, ses Crises durant l’âge moderne notamment, me semble être l’approche la plus cohérente pour aider les lecteurs, experts ou non, à situer le récit qu’ils ont entre les mains.
Outre cette chronologie, l’autre outil éditorial qui découle de cette volonté de structurer l’univers DC est la création de collections chronologiques (DC ARCHIVES, DC CLASSIQUES et DC RENAISSANCE) et thématiques. Il ne s’agit donc plus de raisonner en terme de formats. Une collection DC ARCHIVES pour les premières aventures des héros DC, s’étalant de la fin des années 30 à 1985, année de la publication de Crisis in Infinite Earths de Wolfman et Perez. Une collection DC CLASSIQUES qui correspond aux récits publiés entre 1985 et Flashpoint, la dernière « Crise » en date introduisant le récent Relaunch de septembre 2011. Les séries du Relaunch seront, elles, regroupées dans la collection DC RENAISSANCE. Vous voulez lire ce Relaunch dont vous entendez parler depuis le mois de juillet ? C’est simple : la collection DC RENAISSANCE est faite pour vous. Une fois familiarisé avec les héros DC, vous souhaitez approfondir votre connaissance du DCu ? La collection DC CLASSIQUES vous donnera accès à l’ensemble des récits phares des années 90 et 2000. Vous souhaitez remonter aux toutes premières origines ? La collection DC ARCHIVES devrait étancher votre soif de lecture. En résumé, ces trois collections chronologiques seront la colonne vertébrale à nos publications et nous permettront d’explorer à la fois le fond et les nouveautés.
L’autre point sur lequel nous insistons, ce sont les auteurs qui se sont imposés comme les véritables architectes du DCu. Nous leur dédions donc une collection : DC SIGNATURES. Vous aurez donc l’occasion de lire, ou relire, l’intégralité du run de Grant Morrison sur Batman, dans l’ordre et dans un seul format d’albums numérotés à travers la série « Grant Morrison présente Batman ». Idem pour Geoff Johns et son travail sur Green Lantern. Il nous paraît essentiel de mettre ces auteurs sur le devant de la scène et de les présenter comme des clés d’entrée idéales pour qui veut se familiariser avec les super-héros de DC et désire suivre leur évolution entre les mains de leurs principaux architectes.
Notre objectif est de donner aux lecteurs les repères qui leur ont sans doute manqué jusqu’ici pour profiter de la richesse du DCu.
- Concernant les modes de distribution, allez-vous proposer un système d'abonnement kiosque ? Et une offre digitale?
Pas d’abonnement avant les magazines liés au Relaunch. Ensuite, nous verrons. Concernant l’offre digitale, c’est à l’étude.
- Pouvez-vous nous donner la date exacte de votre première sortie, que ce soit kiosque ou librairie ?
Bien sûr. Nous débuterons le 20 janvier 2012 avec Watchmen d’Alan Moore et Dave Gibbons, traduit par Jean-Patrick Manchette. Il s’agira de l’unique titre de janvier, mais quel meilleur album pour lancer le label ? Cette édition de 464 pages comprendra tous les bonus de la version Absolute au prix de 35€. Les premiers magazines – Flashpoint #1 (The Flash #8 à 12, et Flashpoint #1) et Batman Showcase #1 (Batman Inc. #5 à 8) – paraîtront le 24 février.
comicsblog
et de la licence Marvel ?
Urban Comics : Concernant le nombre, il ne s’agit pas d’inonder ou d’encombrer le marché. Le budget du lecteur n’a rien d’extensible, surtout en ce moment. Aussi, si nous devons choisir entre quantité et qualité, soyez certains que nous ferons le choix qui respectera le plus l’intérêt du lecteur. Mais oui, les titres d’Urban seront bien visibles, et couvriront au mieux les nouveautés comme le fond, rassurez-vous !
Concernant la poursuite des titres Vertigo, en plus des nouvelles séries que nous publierons (à l’image de Soldat Inconnu dès février 2012), nous avons à cœur de poursuivre 100 Bullets, Fables, DMZ et Scalped sur un rythme régulier d’une nouveauté par mois. Il y aura donc, par exemple, un nouveau tome de 100 Bullets tous les 4 mois, idem pour Fables, DMZ, etc. Par respect pour les lecteurs qui ont débuté leur collection chez le précédent éditeur, nous conserverons le format souple pour les nouveautés, mais nous rééditerons les tomes 1, 2 et suivants en cartonnés. Le format cartonné sera donc à terme la version définitive du label Urban Comics.CB : Panini ne pouvant finir Brightest Day avant l'échéance du 31 Décembre 2011, pensez-vous nécessaire de reprendre la fin de la série avant d'entamer la suite?
UC : Au risque de faire grincer quelques dents, les lecteurs du premier tome de Brightest Day devront attendre quelque temps avant de connaître la suite de cette saga. Nous nous sommes longtemps posé la question de publier directement ou non la suite de Brightest Day. Après lecture, nous avons cependant jugé que ce titre était moins prioritaire que d’autres, étant donné le peu de conséquences qu’il allait avoir par la suite (à l’exception de quelques personnages. Nous apporterons bien entendu toutes les explications en temps voulus dans les albums concernés.). De plus, l’objectif de notre ligne éditoriale étant avant tout de proposer des albums accessibles au plus grand nombre, intégrer BD nous est apparu compliqué, d’autant plus qu’il ne s’agit pas d’un seul TPB, mais de trois. Nous éditerons donc cette saga plus tard en librairie, dans un format à la hauteur de ses qualités.
Nous comprenons bien la potentielle frustration des lecteurs qui ont acheté le premier numéro de BD en septembre. Nous avons cependant choisi de nous concentrer sur les récits qui allaient avoir un réel impact sur la continuité de l’Univers DC. Tout est question de priorité. Des récits comme War of the Green Lanterns, Batman Inc. ou Flashpoint, par exemple, nous semblent quant à eux indispensables en comparaison. CB : Découlant de la question précédente, Flashpoint a-t-il sa place dans votre catalogue et sera t-il proposé en librairie pour enclencher directement les publications kiosques sur les "New 52", le relaunch DC ? Est-ce risqué de démarrer par des productions antérieures au fameux relaunch de DC Comics ?
UC : La publication de Flashpoint se fera en presse, dans un mensuel de trois numéros, spécialement dédié. Le numéro 1 (février) comprendra Road to Flashpoint (The Flash #8 à 12) et Flashpoint #1. Le numéro 2 (mars) contiendra l’excellente mini-série d’Azzarrello & Risso Batman — Knight of Vengeance, ainsi que les épisodes 2 et 3 de Flashpoint. Le troisième et dernier numéro regroupera en avril la mini-série de Scott Snyder et Gene Ha Project Superman #1 à 3, ainsi que la conclusion de Flashpoint avec les numéros 4 et 5. Là encore, nous avons sélectionné les mini-séries qui nous paraissaient les plus complémentaires par rapport au récit principal de Geoff Johns et Andy Kubert.
Vous évoquez le risque de démarrer par des titres pré-Relaunch. Le risque de confusion est effectivement présent auprès des nouveaux lecteurs. C’est la raison qui nous a poussé à publier les récits débutés Panini principalement en kiosque. Ces récits, malgré leurs qualités, ont moins de chance de toucher un plus grand lectorat, alors que le kiosque reste avant tout le terrain privilégié des amateurs de comics (nous espérons élargir la donne avec le Relaunch).
C’est dans cette même optique que nous avons choisi de débuter nos publications en librairie avec trois séries complètes en deux tomes, accessibles à tous les lecteurs, inédites en français, et centrées autour de la Trinité de DC, à savoir Superman – Superfiction de Joe Casey et Derec Aucoin, Batman – Sombre Reflet de Scott Snyder, Jock et Francisco Francavilla, et Wonder Woman – L’Odyssée de J. Michael Straczynski, Phil Hester et Don Kramer. Vous évoquez le risque de démarrer par des titres pré-Relaunch. Le risque de confusion est effectivement présent auprès des nouveaux lecteurs. C’est la raison qui nous a poussé à publier les récits débutés Panini principalement en kiosque. Ces récits, malgré leurs qualités, ont moins de chance de toucher un plus grand lectorat, alors que le kiosque reste avant tout le terrain privilégié des amateurs de comics (nous espérons élargir la donne avec le Relaunch).
superpouvoir
SUPERPOUVOIR.COM : On sait que le contrat de Panini exigeait de l’éditeur italien une certaine occupation des rayonnages en matière de bouquins en librairie et en kiosque… est-ce qu’Urban Comics a dû promettre encore davantage pour emporter le morceau face au rival transalpin ?
URBAN COMICS : Tout contrat entre le propriétaire d’une licence et le licencié implique obligatoirement que ce dernier développe, par définition, la licence dont il s’est porté acquéreur. Après, concernant la stratégie éditoriale, DC comprend suffisamment bien les enjeux propres à chaque pays pour laisser chaque éditeur, qu’il soit italien, espagnol ou français, gérer l’exploitation de la licence comme il l’entend. Je ne vous apprendrais rien en vous disant qu’en Italie le marché de la presse est beaucoup plus développé qu’en France, où l’essentiel des ventes se fait en librairie.
SUPERPOUVOIR.COM : Le catalogue DC est riche d’une histoire monumentale qui est un peu éclipsée par l’actualité du relaunch DC mais qui pourrait intéresser de nombreux fans. Est-ce qu’on peut espérer des intégrales de séries oubliées, comme Kamandi, par exemple ?
URBAN COMICS : Effectivement, 75 ans, c’est quasiment l’équivalent d’une vie humaine et autant d’expériences et de personnages retranscrits en pages de BD. Notre intérêt en tant qu’éditeur est de proposer une offre équilibrée entre les nouveautés du relaunch, entre autres, et des séries antérieures, pour la plupart inédites en France. Tout « miser » sur le relaunch serait oublier trop vite que ces nouveaux titres n’auraient jamais vu le jour sans ces 75 années d’histoires. Les comics DC d’aujourd’hui se sont bâtis sur ce formidable héritage. Ce n’est pas un hasard si les éditeurs de DC ne parlent pas de Reboot, mais de relaunch. Il s’agit surtout pour DC de mobiliser un nouveau lectorat autour de ce qui fait l’essence des personnages les plus iconiques. C’est à la fois un pari maîtrisé et une attitude très réaliste de la part d’un éditeur à l’écoute de son marché et de ses lecteurs.
Nous comptons bien inscrire les héros de DC dans la durée en publiant les nouveautés bien entendu, mais également capitaliser sur le fond de l’Univers DC. Et cet héritage est une véritable bénédiction ! La publication d’intégrales est donc bien envisagée. D’autant plus qu’il y a eu durant toutes ces années des récits de très grande qualité, nombre d’entre eux restant totalement inédits en France. Il serait dommage de ne pas publier une bonne histoire sous prétexte qu’elle n’est plus dans « l’air du temps ». L’essentiel de notre travail d’éditeur sera de replacer, au besoin, ces récits dans leur continuité et expliquer pourquoi, par exemple, on pourrait ne pas retrouver Bruce Wayne sous le masque de Batman. Une fois ces éclairages apportés, n’importe quel lecteur, qu’il soit spécialiste ou non, sera à même de comprendre où tel récit se situe par rapport à tel autre. Pour répondre clairement à la question, Kamandi n’est pas pour 2012, mais rassurez-vous, il y aura bien du Kirby cette année !
SUPERPOUVOIR.COM : La maison mère d’Urban Comics est un groupe spécialisé dans la création de bandes dessinées. Est-ce qu’on peut envisager, à moyen terme, des créations maison se déroulant dans l’univers DC ?
URBAN COMICS : C’est effectivement quelque chose d’envisageable, mais chaque chose en son temps. Notre priorité actuelle est d’exploiter et d’installer le catalogue DC déjà existant
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SUPERPOUVOIR.COM : Eh bien, merci pour ces réponses et rendez-vous très bientôt en presse et librairie pour pouvoir enfin découvrir ces nouvelles adaptations VF de l’univers DC !
COMICBOX
Comic Box: Dans les premières parutions kiosques annoncées on remarque qu’elles sont non seulement thématiques mais que les épisodes sont publiés par saga (par ex: tout Batman Inc. d’un coup, tout Flashpoint: Projet Superman d’un coup) là où depuis Semic on gardait cette approche pour les HS mais les anthologies, elles, diffusaient en simultané les différentes séries (par exemple Batman et Robin publié à côté d’épisodes de Batman tout court). Est-ce que cette approche par « sagas » va perdurer ou est-ce qu’on retrouvera une optique plus conventionnelle plus tard ?
François Hercouet: L’idée avec ces premiers magazines (Batman Showcase en 2 numéros, Flashpoint en 3, Green Lantern Showcase en 2) est de créer le moins de rupture possible pour le lecteur des revues de Panini, et, étant donnée la nécessité de préparer l’arrivée du Relaunch, ce format « saga » nous a semblé le plus judicieux. On lit parfois que nous aurions dû commencer par les “New 52”, beaucoup plus simple éditorialement parlant. Ça aurait été effectivement plus simple (quoiqu’en termes de disponibilité des numéros, je n’en suis pas si sûr), mais quel aurait été le message envoyé aux lecteurs qui suivent ces séries depuis des mois ? Même si nous avons l’ambition d’ouvrir l’Univers DC aux nouveaux lecteurs, cela ne peut pas se faire au détriment des anciens.
Concernant le format « anthologique », c’est quelque chose que l’on retrouvera à partir du lancement des titres « Renaissance » (les « New 52 » du Relaunch). Nous publierons également des récits complets, inédits dans la mesure du possible et à forte pagination au cours de l’année, le genre de bouquins que vous avez envie d’emmener lorsque vous avez un long trajet en train devant vous. C’est également, à notre avis, le genre de format qui touchera plus facilement un nouveau lectorat, peu enclin à attaquer une revue kiosque dont il aurait raté le #1.
Comic Box: Parlons de MAD, puisqu’en un sens c’est le vrai événement : le retour de la licence en France. Il y a des décennies de matériel inédit en VF. Comment comptez-vous travailler ce fond. Est-ce qu’on doit s’attendre à des albums chronologiques, à des approches plus thématiques ou ponctuelles ?
François Hercouet: C’est effectivement l’approche thématique qui a été retenue dans un premier temps. Nous proposerons cette année deux anthologies MAD : l’une centrée sur les super-héros, l’autre sur l’œuvre de Sergio Aragones. Je ne vous cache pas que tout reste à faire pour implanter l’esprit MAD en France. La récente adaptation de cet univers loufoque sur France 4 (le samedi à 20h15) nous offre cependant une excellente opportunité de faire connaître une version plus moderne de MAD et d’étendre son public.
Ce qui nous a d’ailleurs frappé lorsque nous nous sommes rendus à la conférence MAD au Comic Con de New York, c’est la jeunesse des téléspectateurs. Ils n’ont pour la grande majorité d’entre eux jamais lu le magazine, mais ils semblent définitivement accros. Dans un mélange bien foutraque d’animation traditionnelle, de stop-motion et de photo-montages qui rappelle beaucoup Robot Chicken, l’éditeur de Mad Magazine, John Ficcarra, ses auteurs et Kevin Shinick, le créateur de l’émission, ont réalisé une adaptation visuelle à la fois inédite et très fidèle de cet univers. C’est rapide, très rapide et la traduction française (loué soit le talent de William Coryn, également à l’œuvre sur la VF de South Park), comme le doublage, sont de haute volée. De notre point de vue, c’est une totale réussite. L’émission rencontre un vrai succès aux Etats-Unis. Si cela prend en France, nous pourrions tout à fait envisager l’édition de matériel plus actuel.
Comic Box: On remarque que sur les 10 premières parutions annoncées 3 contiennent du Alan Moore (DC Anthologie, Watchmen et Top Ten) et les argumentaires de deux autres (Hellblazer et, plus curieusement, le Superman : Superfiction) font référence à Moore. Soit 50% des titres qui font allusion à Moore à des degrés divers. Est-ce que (re)constituer une sorte de « librairie Alan Moore » est une priorité de la gamme, au-delà du lancement ?
François Hercouet: Aaah, Alan Moore ou l’art d’apporter des réponses aux questions que personne ne s’était jamais posé. Rien de curieux à trouver une référence à Alan Moore dans le Superman de Joe Casey. Lorsqu’on écrit une aventure du plus puissant des super-héros, il est difficile de faire ressentir au lecteur une quelconque menace pesant sur le personnage. Casey, lui, réussit ce tour de force. C’est là qu’il innove et se rapproche en ce sens de l’écriture de Moore. Il est moins question de constituer une librairie Alan Moore – puisque seuls les titres signés de sa main peuvent s’en revendiquer – que de communiquer autour d’un auteur connu et reconnu pour tout le bien qu’il a fait aux comics. 1986 est la date à partir de laquelle plus personne n’écrira les récits de super-héros de la même façon, mais au-delà de Watchmen, et même si sa période super-héroïque semble terminée, son empreinte sur le genre reste encore profondément présente. Quant à la publication de Top 10, elle nous est apparue comme une évidence. Nous voulions profiter de notre édition de Watchmen pour faire (re)découvrir cette excellente série, introuvable depuis une dizaine d’années. Personnellement, ce qui me plaît dans cette série, plus que les centaines de références planquées en arrière-plan, c’est l’humour des dialogues et l’énormité des super-situations auxquelles ces super-flics, chargés de gérer le super-quotidien de leur super-administrés, sont confrontés. Et paf ! en plein épisode, Moore parvient à faire jaillir l’émotion là où on l’attendait vraiment pas (sans spoiler, l’accident de téléportation, publié dans notre tome 2, est à ce propos assez exceptionnel). Faire référence à Moore, c’est faire appel à ce ressenti unique dont nous avons tous fait l’expérience à la lecture d’une de ses œuvres. C’est une manière pour nous de mettre en avant des titres qui sortent du rang, qui apportent une réflexion inédite sur un thème et qui, à leur mesure, font progresser le comics dans sa forme et dans son contenu.
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