lundi 24 juin 2013

MAN OF STEEL :SUPERMAN!

Superman est le premier super-héros d'où descendent tous les avatars actuels; en cela, il est aussi le plus grand, le plus noble, la source d'inspiration de tous les autres.Chacun de ses gestes, chacune de ses paroles sont scrutés avec attention par ses pairs, car il est en quelque sorte aussi leur "héros", le meilleur d'entre eux dira Batman dans un comic-book...


Pour autant, faire une histoire sur Superman ne s'avère guère aisée car on peut tomber dans l'écueil classique de le rendre lisse, comme le boy-scout des années 60.On peut donc le représenter comme un être aux capacités extraordinaires mais avec une personnalité d'automate ou de "mec"américain sans peur et sans reproches!


Rares, sont les auteurs qui semblent bien cerner le personnage, l'exploiter à sa juste mesure : une figure tutélaire, quasi-divine mais plus humaine que les mortels auxquels elle porte secours.Superman est certainement le personnage le plus difficile à exploiter, à caractériser sans tomber dans le ridicule ou le trop "facile".
Pour autant certains y ont réussi : All-Star Superman, Kingdom Come, Superman Red Sun...pour ne parler que des plus représentatifs.


Alors qu'en est-il de la sixième adaptation cinématographique moderne du film très attendu de Zack Snyder?!
Visuellement, la forme est époustouflante! Du jamais vu dans un film...et de surcroît dans un film de super-héros!On y croit : Superman vole à vitesse supersonique, porte du lourd, casse du kryptonien à qui mieux mieux, brise comme des mikados des immeubles en envoyant bouler ses ennemis; on en a plein les mirettes, on assiste à un festin orgiaque d'effets spéciaux impeccables, novateurs, et surtout criant de vérité et de réalisme, démontrant toute la puissance de l'Homme d'Acier!Avengers de ce côté-là était déjà superbe et portait en lui la palme de la démesure, mais ce Man of Steel démontre bien qui est le Patron en terme d'action : rien ne résiste à la force du kryptonien!En cela, Snyder a bien compris qu'il devait révéler au public que nous sommes, un Superman à l'acmé de ses capacités physiques et non une caricature.Pari donc réussi!

De plus, la partie du film sur Krypton est sublime de beauté, et demeure un vrai régal, avec un Russel Crowe très convaincant en Jor-El : hasard ou destin, Crowe tout comme Marlon Brando dans le même rôle et  qui était son modèle,  ont tous deux été oscarisés avant d'endosser le rôle du père de Superman!

J'ai vu le film deux fois(pour l'instant!), je rechignais à le voir en 3D la première fois : et bien, franchement si vous avez le choix, allez le voir en 3D, c'est beaucoup plus beau, surtout sur Krypton et beaucoup plus fluide pour suivre l'action et les scènes de combat. Pour une fois, comme trop rarement dans les films, cette 3D vaut le coup; après, cela dépend aussi de la politique de certains cinés, qui ne mettent pas la lampe à bloc(qui sert pour le rendu de la 3D!) et qui en font malheureusement baisser la qualité et l'éclat!



           Maintenant, si je m'arrête sur le fond  du scénario, du symbolisme, de la psychologie  et de l'émotion portées par les différents personnages du film, je trouve que Snyder, Nolan , Goyer et  les acteurs(même secondaires) ont su créer un film très profond, en tous cas pour ceux et celles, qui réfléchissent un tant soi peu aux symboles multiples distillés tout le long du film.J'ai lu un "peu" une certaine presse: Navrant...beaucoup de journalistes-"critiques"sont aussi lisses que le personnage qu'ils imaginent, et n'entrevoient jamais Man of Steel, en dehors d'un énième film d'action bien formaté.En exagérant un peu, je croirais presque, que si l’Iliade avait été écrite de nos jours, ces mêmes journalistes l'auraient décriée comme un enchevêtrement inepte de combats barbares, avec un scénario simpliste (Hélène enlevée par le Troyen Paris)servant seulement de prétexte aux combats violents...


Mais bon, laissons là les superflus et superficiels patentés qui ne connaissent rien au mythe, quand ils ne voient en Superman qu'un film de super-héros primaire, bourré de testostérone, alors qu'en fait le spectateur assiste à une mise en image spectaculaire d'un mythe, tel l'Héracles ou l'Achille grec! Nul n'est prophète en son pays, et c'est à un peuple doué de génie(les grecs) de reconnaître ses propres mythes contemporains.Chez nous il faudra peut être attendre des siècles!?


Les acteurs: Henry Cavill porte l'uniforme, il EST  Superman, sans aucun doute!Son port est altier, sa démarche divine, jamais Superman, dans son jeu est voûté, en désaccord physiquement et dans son allure avec la symbolique du personnage: un être très  au delà de l'humain physiquement.Les expressions de visage sont déterminées, fortes dans les séquences de combat ou d'échanges avec d'autres persos.Pour autant, dés qu'il retrouve l'habit civil, on retrouve un Clark Kent émouvant, rempli de doutes et peut-être de crainte, sur ce qu'il est vraiment intrinsèquement. D'ailleurs, les deux différents acteurs qui jouent Clark petit, sont excellents de sensibilité où l'on voit transparaître les thèmes du rejet par les autres de sa différence(étranger par son étrangeté!), de l'affreuse solitude que cela implique, de la peur panique de la manifestation de pouvoirs inconnus et de leur gérance.Mais aussi d'autres thèmes pointent leur nez comme celui des origines(Henri Cavill),de l'adoption(toujours plus ou moins problématique avec l'âge) : il faut donc(et dans le film c'est bien montré)se retrouver soi-même avant que naisse Superman, chasser ses derniers doutes , ses dernières hésitations pour devenir l'Homme de Demain, celui qui n'hésite plus, qui ne doute plus, et qui porte sur sa poitrine comme modèle et emblème devant tout homme, l’ESPOIR, un espoir incarné, qui renvoie à chaque humain, comme un miroir, ce qu'il doit faire pour rendre le monde meilleur, un symbole toujours visible sur fond bleu(espoir encore!)pour que les hommes n'oublient jamais qu'un Surhomme(Un Superman)leur montre à tous où mettre   leur pas, pour les amener " dans le Soleil" dira Jor-El!Le soleil qui incarne toujours la lumière symbolique de la Vérité!



       Bien entendu, Snyder a voulu faire ressortir le côté messianique du personnage, sauveur de l'humanité; d'ailleurs à un moment du film, Superman dit bien qu'il ne se livre pas à Zod mais à l'humanité...On pense à Moïse, on pense au Christ...c'est voulu car n'oublions pas que Siegel et Shuster, les auteurs de Superman étaient juifs.Snyder accepte et rend hommage à cet héritage, mais c'est finement bien fait, en accord avec l'histoire d'un orphelin sauvé de la destruction de sa propre planète pour sauver ensuite sa "TERRE" d'adoption: il a été sauvé pour sauver...

On voit aussi à travers les traits d'Henri Cavill, un superman plein de tendresse pour sa mère, c'est aussi un être de chair et de sang, caché derrière sa peau d'acier!Avant de devenir Superman, et que les humains lui accordent sa confiance, ce dernier a dû lui-même leur faire confiance, et ça a commencé déjà avec son père, Jonathan Kent, le fermier du Kansas.Clark a toute confiance en son père, il suit ses pas, dans l'humilité et la bonté: l'éducation est une thématique très forte dans le monde de Superman : que serait devenu celui-ci, si le hasard eut fait que le dernier kryptonien fusse éduqué par des parents sordides, méchants ou tout simplement orgueilleux, égoïstes, amoureux de l'argent, avides des biens matériels etc.On aurait certainement craint avec raison pour la terre...

Jor-EL, grand scientifique avait tout paramétré, sauf la famille qui recueillerait son fils, mais encore une fois, son père biologique avait en lui beaucoup d'espoir et de confiance en l'avenir, car il voyait déjà Kal-EL comme un guide pour les hommes!Comme s'il savait que ce qu'il portait en lui, serait un jour transmis naturellement à son fils un jour lointain.Russel Crowe habite pleinement un Jor-EL scientifique mais aussi, une face moins connue de ce personnage, virile au possible(cf la série animée 1er épisode, L'Ange de Métropolis), et combattant rompu au combat rapproché.Comme Superman c'est un cerveau, mais Jor-El lui l'est devenu par le Codex qui programme et donc détermine l'entéléchie(ce que doit devenir un être pour son épanouissement personnel); néanmoins comme son fils Kal-EL, s'il est aussi un homme d'action, c'est qu'il s'est à un moment donné auto-determiné, faisant ainsi jouer son libre arbitre.Je peux étonner les lecteurs en disant que Superman est un cerveau aussi bien qu'une force de la "Surnature"car à un moment du film, on voit Superman discuter du plan du trou noir avec le scientifique terrien; on y voit Superman deviser sur la création du trou noir pour créer la zone fantôme.C'est bien Superman qui propose ce plan aux militaires et au savant : ce dernier le comprend et l'accepte car il semble scientifiquement viable.Ainsi les scénaristes Goyer et Nolan intelligemment, dépoussièrent une fausse image de Superman de grand benêt aux gros bras seulement.Maîtriser et comprendre la science et la technologie kryptonienne n'est quand même pas une mince affaire!

De même à un moment du film, quand Clark doit avoir aux alentours de 12-13 ans, et qu'il se laisse prendre à parti par une bande de gamins peu scrupuleuse, Snyder le montre avec un gros volume des oeuvres de Platon à la main.Peu de jeunes et même d'adultes lisent du Platon!Tout ceci pour dire qu'on veut nous faire comprendre et sentir que ce jeune "alien" possède une intelligence très précoce, anormalement élevée pour son âge!Et surtout curieux de tout.
Pour revenir à Jor-El, je dirai que celui-ci a parfait l'éducation qu'avait initié et"presque"terminée Jonathan Kent: il ne manquait qu'un élément à l'amour des siens, de ce qui est juste, bon, bien, simple et honnête, mais qui fait que sans cet élément, il ne peut devenir lui-même, c'est-à-dire l'Homme d'Acier, ce Superman porteur d'espoir , c'est son héritage kryptonien, le-qui-suis-je fondamental et existentiel : il ne peut le recevoir que de la part de son père originel : Jor-El-sa conscience exactement-est le guide in fine mais nécessaire pour faire naître SUPERMAN de Clark.En le perdant à tout jamais((Jor-El?) à la fin du film, Superman devient à lui-même son propre guide, afin de guider ensuite l'humanité.
En somme c'est un film très patriarcal, car le passage de témoin passe par deux pères : un père originel qui confie son fils à un père d'adoption, le temps que ce fils s'acclimate à son nouveau environnement, pour ensuite reprendre le relais à la fin pour le guider définitivement vers son destin:on voit alors dans le film que les deux pères ne coexistent jamais en même temps(pareil pour le film de Donner d'ailleurs) car c'est après tout perturbant d'avoir deux pères surtout d'origines différentes!

Pour autant les figures matriarcales ne sont pas en reste, avec d'abord Lara-El, qui témoigne de beaucoup d'affection auprès de son fils : on voit que son coeur est déchiré et brisé...Puis ensuite les quelques scènes touchantes entre Martha Kent et son fils, sont très belles car très simples...Et enfin, Loïs Lane qui "console"Superman après la scène du combat final avec Zod.


 Loïs Lane est assez convaincante dans son jeu bien que je l'aurai préférée plus jeune et plus belle: on sent quand même la différence d'âge entre  Amy Adams et Henry Cavill...mais bon, il ne faudra pas atteindre dix ans ni même 5 pour refaire la suite sinon catastrophe.Elle joue bien mais aurait peut-être pu faire mieux!


Faora incarnée par la très belle Antje Traue actrice allemande de son état née le 18 janvier 1981, fait son deuxième film de sa carrière après Pandorum, film d'horreur et de SF(2009). Séduisante au possible, au charisme électrique et femme aux allures de dominatrice...

Faora, refaisons un peu d'histoire comics apparaît pour la première fois dans les années 70 comme une ennemie implacable de Superman(Action comics 471 et créée par Curt Swan et Cary Bates), c'est en fait une tueuse en série qui ensorcelle les hommes par sa beauté, les torture puis finit par les tuer: elle a tué 23 kryptonniens avant d'être emprisonnée 300 ans dans la zone fantôme(bien avant Zod)! D'ailleurs, au combat rapproché(dans le film), Faora Hu-UL(de son vrai nom) est très dangereuse car elle maîtrise un art martial kryptonien le"Horo-Kanu". Pour autant dans la période Post-Crisis(années 80), Superman apprendra à maîtriser lui aussi un art martial kryptonien basé sur l'étude des points vitaux, le Torquasm-Vo , enseigné par..Batman en personne!
Faora a même été l'inspiratrice du personnage d'Ursa dans les films de Donner(Superman 1 et 2)qui deviendra ensuite un personnage de comics!


Et Zod (apparu dans Adventure Comics #283 en avril 1961 ): Michael Shannon incarne un général pour lequel on peut avoir une certaine compréhension, il a été programmé pour la guerre, pour dominer, et coûte que coûte faire revivre une Krypton lumineuse avant sa longue et interminable décadence:même Jor-El ancien ami de Zod voit en Krypton une planète "pourrie", décatie par un conseil éloigné de la vie tout simplement; mais El veut des fins pacifiques contrairement à Zod, qui n'a pas peur d'éradiquer tout ce qui est décati et malade.En effet Zod incarne un fascisme où les faibles n'ont pas leur place...et c'est le sort qu'il veut réserver ensuite à la Terre.En fait Zod veut le bien de sa race mais avec des moyens radicaux et sans retours.Shannon en Zod, a vraiment une forte présence, et obligera Superman a un choix non moins radical...dans le dernier combat.
(Attention à partir de maintenant gros SPOILER!!!)

Vous avez compris que j'ai vraiment apprécié ce film, qui fait sans le moindre doute, honneur au premier de tous les supers-héros : un grand film, peut-être le plus grand film de super-héros tant Superman est retranscrit fidèlement mais non servilement: Zack Snyder et son équipe ont su non pas ajouter au mythe, mais plutôt réinventer et exploiter des concepts et des éléments qui étaient présents dans l'historiographie de Superman mais quasiment pas exploités: j'ai parlé de Faora, mais je pense maintenant à un élément qui a choqué beaucoup d'admirateurs de Superman: la Mort de ZOD  par Superman!
Superman par le passé a déjà tué 3 kryptoniens :Quex-Ul, Zod, et la belle Faora Hu-UL.Cependant ces derniers proviennent d'une Krypton alternative de poche(microvers). Après avoir tué le héros de la Terre(un Superboy) de cet univers de poche, ils ont voulu conquérir cette "Terre", et devant la résistance terrienne ont complètement anéanti l’atmosphère terrestre faisant des milliards de victimes, et détruisant pratiquement toute forme de vie!Superman(le vrai) les piégea avec de la kryptonite jaune, en les privant de leurs pouvoirs et les tua avec de la verte pour les punir de leur crime mais surtout parce qu'ils allaient faire la même chose avec notre Terre, la "vraie" pour se venger de Superman!A partir de ce jour Superman pensa toujours au meilleur moyen de gérer ses pouvoirs envers ses ennemis!
De même quand Superman affronta  le surpuissant Doomsday, il utilsa toute sa force toute son énergie pour l'arrêter, sachant que c'était un combat à mort: c'était lui ou Doomsday qui trépasserait!D'ailleurs on peut bien penser que la créature kryptonienne ultra-puissante est morte ce jour-ci vu qu'elle ne se réveilla que beaucoup plus tard, ayant la faculté de revenir à la vie plus forte en s'adaptant à ce qui la tue! Tout ceci pour dire que Superman peut tuer-et même doit le faire-si le prix à payer est de sauver la VIE(dans ces deux cas, c'est la vie de toute la planète qui est en jeu). Dans Man of Steel, également au delà de la famille qu'il sauve en tuant vous savez qui, Superman sauve la terre, où régnerait un tyran et un destructeur qui dit d'ailleurs: "je vais les faire souffrir Kal-EL..."
Ainsi la grande force de ce film c'est son réalisme, dans le vrai monde(traité par les comics ou ce  film d'ailleurs) les choix impossibles existent, entre un mal absolu et un mal relatif, entre la mort de la Terre et de Zod!On est donc en pleine tragédie grecque, face à un dilemme cornélien où l'homme mûr se doit de choisir...et donc de souffrir car le mal même relatif contredit tout ce que l'homme d'acier est :la vie, la liberté et l'espoir...
Que cela eut été facile de choisir un happy end convenu mais qui finalement aurait brisé la tension tragique et apocalyptique des dernières scènes du film.

Bravo à Snyder et à Goyer(car Nolan au début ne voulait pas) d'avoir oser bousculer nos idées reçues sur le personnage.



Allez vite le voir...ce n'est pas un oiseau...c'est Superman!    
9,5/10